Pourquoi pas d'antibiotiques ?
- D'abord parce que les antibiotiques ne font pas baisser la fièvre. Ils détruisent les bactéries qui font partie des causes de fièvre, or les virus qui sont la cause d'une grande partie des fièvres sont insensibles aux antibiotiques.
- Ensuite parce que cela peut gêner les examens que le médecin peut être amené à demander. Enfin, parce que les antibiotiques sont à manier avec prudence et selon une stratégie très précise que seul le médecin est habilité à appliquer.
Cas particuliers
Enfant de moins de 2 ans
Toute fièvre chez un enfant de moins de 2 mois impose l'appel immédiat et systématique au médecin, car pendant 3 mois, il est protégé par l'immunité qui lui vient de sa mère. La survenue de fièvre à cet âge fait alors suspecter une infection grave ou due à un germe contre lequel la maman n'était pas immunisée, donc un germe pas courant.
Femme enceinte
Chez la femme enceinte, la fièvre doit toujours alerter. D'abord en raison des
infections génitales qui peuvent interréagir avec le déroulement normal de la
grossesse. Ensuite parce que certaines infections comme la
listériose ou la
rubéole peuvent provoquer des
malformations graves chez le foetus de moins de 4 mois et des accouchements prématurés en fin de grossesse. En raison de ces deux affections principales, c'est pour cela que toute fièvre chez une femme enceinte doit faire l'objet d'une consultation médicale.
Femme qui vient d'accoucher
Chez la femme qui vient d'accoucher, deux problèmes précis peuvent être plus particulièrement responsables d'une fièvre. D'abord l'infection d'une cicatrice d'épisiotomie , ou les suites d'une césarienne ou encore une infection génitale qui peut donner rapidement une septicémie , ce que l'on appelait autrefois la fièvre puerpérale .
Femme qui allaite
Chez la femme qui allaite, et qui vient d'accoucher, deux problèmes précis peuvent être plus particulièrement responsables d'une fièvre. D'abord les suites de l'accouchement : infection d'une cicatrice d'épisiotomie , infection génitale par un germe.
Ensuite une inflammation du sein à cause de l'allaitement : cela commence par un engorgement des seins sans fièvre, suivi d'une lymphangite du sein qui peut dans de rares cas s'abcéder et donner un abcès du sein .
Raisonnement du médecin
Il va d'abord vérifier qu'il n'y a pas urgence :
Tous ces cas entraînent généralement une hospitalisation.
Une fois éliminées les causes sérieuses, il va retrouver les causes qui se soignent à domicile :
Sinon il est parfois obligé de demander des examens (prise de sang, examen des urines, radios...) pour rechercher :
Certaines maladies sont spécifiques de la femme comme les
endométrites , ou les
salpingites .
Certaines maladies sont spécifiques de l'homme comme les
prostatites , ou les
orchy-épididymites .
Et si on ne trouve rien, en particulier pour les fièvres au long cours, une hospitalisation est nécessaire pour rechercher une maladie générale, une tuberculose , un cancer, ou d'autres causes rares comme la fièvre des antibiotiques, la fièvre simulée par le malade pour ne pas aller au travail (!), la maladie de Horton .
Les examens pour rechercher les causes sont très nombreux et regroupent tout ce qu'un médecin généraliste ou un médecin de médecine interne peut demander comme examens. C'est donc énorme.
Pour tenter de résumer :
- Les examens biologiques : la numération formule sanguine permet de savoir s'il y a une infection et de quel type elle est (bactérienne ou virale). La vitesse de sédimentation et la CRP permettent de voir si la fièvre est d'origine inflammatoire.
- Ensuite il faut la localiser. On recourt à de nombreux examens d'imagerie (radios, scanner, IRM) demandés selon les cas. L'échographie est d'un apport considérable et en plus c'est indolore.
- Les prélèvements ont pour but de mettre en évidence des germes et de tester dessus les antibiotiques qui seront actifs.
- Les examens endoscopiques comme la fibroscopie permettent de visualiser directement les organes creux où une infection peut se loger.
Et puis le médecin dispose de deux outils essentiels : son examen clinique et...son bon sens.