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Suicide : des réponses à vos questions

Suicide : des réponses à vos questions

L'état suicidaire est-il une maladie ?

Le suicide n'est pas une maladie, c'est un acte sous-tendu par des troubles. Une conduite suicidaire est une réponse pathologique un conflit. C'est un acte qui émerge brutalement parce qu'il n'y a pas de parole ou d'élaboration possible. Un suicide est un acte anti-psychique, c'est la conclusion de quelque chose d'impossible à dire.

Le suicide touche-t-il toutes les personnes ?

Le suicide touche les hommes et les femmes de tous âges et toutes classes sociales confondus, de l'enfance à la sénescence.

L'Institut de veille sanitaire estime à 220 000 le nombre de passages aux urgences pour tentatives de suicide en 2007. En 2008, environ 10 300 décès par suicide ont été enregistrés par le Centre d'épidémiologie sur les causes médicales de décès (CépiDc) de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Le taux de décès par suicide est trois fois plus élevé chez les hommes que chez les femmes. Le suicide représente une plus grande proportion de décès chez les 15-24 ans (16 % du total des décès) et constitue la deuxième cause de mortalité après les accidents de circulation. A partir de 65 ans, le suicide représente moins de 1 % du total des décès.

La France se situe dans le groupe des pays européens à taux élevé de suicide (après la Finlande, la Belgique et les pays de l'Est), mais les comparaisons internationales doivent être interprétées avec prudence, du fait de différences éventuelles de procédures d'enregistrement.

Le suicide est-il associé à une ou des pathologie(s) en particulier ?

C'est une conduite transnosographique, c'est-à-dire qu'elle se rattache à plusieurs des entités psychiatriques connues. Elle recouvre des états complètement différents, de gravité différente. Une conduite suicidaire peut être l'essentiel de la pathologie ou se situer dans un environnement donné, dans un aspect réactionnel.

L'état suicidaire, est-ce un vrai désir de mourir ?

Le suicide ne reflète pas forcément une envie de mourir mais parfois une interruption du mode de vie actuel, un désir radical de changement, une tentative pour mettre fin à une souffrance insupportable.

Quels sont les effets de la tentative de suicide sur le fonctionnement psychique ?

Après le passage à l'acte suicidaire, on observe parfois un effacement transitoire des signes cliniques qui est trompeur, on parle de « pseudo-guérison ». La personne va nettement mieux, parfois banalise son acte, minimise le rôle de ses difficultés antérieures dans son passage à l'acte et peut en parler facilement. Elle affirme en général avec authenticité qu'elle ne recommencera pas.
En effet, les affects de colère, de rage, de dépression, de tristesse ont disparu avec le passage à l'acte. Le risque est alors que la personne cherche à esquiver toute proposition de suivi. Ce suivi est pourtant primordial pour élaborer les difficultés et prévenir une éventuelle répétition.

Y a-t-il des signes avant-coureurs d'une tentative de suicide ?

Le suicide est un phénomène multifactoriel complexe dans lequel différents facteurs agissent les uns avec les autres. On définit des signes avant-coureurs à trois niveaux :

• Des signes cliniques de 1er rang pouvant annoncer une tentative de suicide :
- Troubles du sommeil : insomnies,…
- Pathologies somatiques : céphalées, maux de ventre,…
- Fatigue,
- Impression de craquer,
- Difficultés scolaires, incapacité à apprendre, troubles de l'attention, de la concentration,
- Désintérêt en classe ou au travail,
- Absentéisme scolaire ou professionnel,
- Désorganisation familiale, amicale, effondrement des relations,
- Intensité et permanence des idées suicidaires

• Des signes cliniques de 2nd rang tels qu'une pathologie pré-existante, une co-morbidité qui sont des facteurs de risque supplémentaires :
- Episode psychotique brutal, aigu et sans signes d'appel,
- Prise de toxiques et de drogues addictives, de tranquillisants, auto-prescription…
- Suivi pour troubles dépressifs,
- Suivi pour troubles de la personnalité (psychotique ou borderline),
- Maladie somatique,
- Handicap,

• Des éléments cliniques de 3ème rang :
- Désorganisation familiale : divorce, séparation,
- Situation de décès,
- Perte d'emploi,
- Déménagement,
- Maltraitance, violence,
- Abus sexuel, viol,
- Pathologie mentale chez un proche,
- Désinsertion sociale,
- Isolation, repli sur soi,
- Troubles de l'identité sexuelle : sentiment de honte, affects dépressifs,
- Course aux résultats, à la performance,
- Troubles du comportement alimentaire

Quels sont les facteurs de risque pour le suicide ?

La plupart des personnes qui se suicident sont déjà suivies pour les troubles psychopathologiques suivant :
- prise d'alcool régulière,
- prise de toxiques régulière,
- troubles de l'humeur,
- syndrome dépressif majeur,
- schizophrénie,
- troubles maniaques,
- troubles anxieux.

Le suicide est souvent lié à une dépression qui peut être restée méconnue ou cachée par des conduites addictives, agressives ou d'excitation qui visent à lutter contre les idées dépressives.

Face au médecin, certaines personnes ont tendance à mettre en avant des problèmes somatiques, à « parler avec leur corps ». L'acte suicidaire est un désinvestissement de la vie psychique, les troubles somatiques apparaissent au premier plan.

Comment réagir si l'on pense à se suicider ?

Le plus important est de ne pas rester seul, de parler de ce qui vous arrive. Si vous en venez à penser au suicide, c'est déjà que depuis un moment vous n'allez pas bien, vous vous sentez triste, inquiet, angoissé, etc. Cet état peut survenir en réaction à un évènement, à un changement où s'installer progressivement de façon apparemment inexplicable.

Sachez qu'il existe des interlocuteurs et des structures spécialisées pour vous écouter au téléphone dans l'immédiat, et vous aider. Vous pouvez vous adresser à votre médecin traitant. Il est en mesure d'évaluer votre situation et de vous orienter vers une prise en charge adaptée. Il peut s'agir d'aller consulter un psychiatre, d'entreprendre une psychothérapie ou de vous faire hospitaliser quelque temps pour vous protéger et prendre de la distance par rapport à ce qui vous arrive.

Comment réagir face à un proche qui ne va pas bien ou qui pense au suicide ?

La question du suicide est compliquée à aborder dans la mesure où elle renvoie chacun à des convictions et des valeurs éthiques et morales profondes, à des positions sociales, religieuses et personnelles. Il est difficile pour l'entourage comme pour les soignants de ne pas être dans le jugement.

De plus, comme nous le constatons, le suicide est le résultat d'une rencontre complexe entre certains éléments de personnalité, de plusieurs facteurs de vie et une souffrance individuelle. On ne peut pas définir de façon spécifique le profil d'une personne exposée à un risque suicidaire.

Il faut savoir faire la différence entre penser de temps en temps à la mort et en parler, ce qui est normal car la mort fait partie de la vie, et l'élaboration d'un projet comme la construction d'un scénario suicidaire pour soi avec un changement de caractère, un intérêt brutal pour les sports dangereux, les armes...
Lorsqu'on est inquiet pour quelqu'un, il est important d'en parler sans avoir peur d'employer certains mots et pouvoir se montrer clair, voire contraignant, dans la nécessité absolue de demander de l'aide et de se soigner.
L'information ci-dessus apporte les éléments essentiels sur ce sujet. Elle n'a pas vocation à être exhaustive et tout comme les conseils, elle ne peut se subsister à une consultation ou un diagnostic médical.
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Article créé, modifié ou vérifié par
Psychologue clinicienne

Dernière mise à jour, le 01/05/2013
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