Gérer et préparer un confinement coronavirus : définition

Quelques idées pour se préparer à ce curieux marathon.

Rester confiné ? Ce terme, hier encore étranger à nos oreilles est devenu notre quotidien. Un quotidien pesant, parfois très pesant.
L'épidémie n'atteint pas seulement nos corps, elle atteint notre moral, notre mental et notre psyché. Nous courons un marathon sans savoir où se trouve la ligne d'arrivée ni quel est le niveau de difficulté de la course. Tout coureur vous le dira, la préparation est indispensable, les soins du corps et du mental vont de pairs.

Prendre soin de son moral, le sien et celui des autres, sera primordial dans les semaines qui arrivent.

Si c'est long, il ne suffira pas de « s'occuper », il faudra résister à la peur et même au désespoir, résister à l'absence de ceux qui nous sont chers et indispensable et continuer de vivre le mieux possible. Trouver des activités pour les petits et les grands sera nécessaire, mais pas suffisant. Il faudra vivre. Ne pas subir, ne pas tout subir. Il va falloir trouver autant que nous le pourrons, du courage et des marges
de liberté, si minces soient-elles !

Comment faire ? Il n'y a pas de recettes magiques, mais de l'attention, beaucoup d'attention pour garder malgré tout l'espoir et l'envie et ne pas se laisser écraser. Être confiné dans un espace clos, mais ne pas se laisser enfermer dans une prison
intérieure. Voici quelques pistes qui ont l'air « concrètes » mais sont avant tout psychiques.

Puisque tout est désorganisé et chaotique, tout est à construire et à imaginer dans ce laps de temps qui nous sépare de la fin de l'épidémie. (et longtemps après).

Organiser le chaos

Divers récits de la mythologie grecque décrivent l'origines du monde comme sorti du chaos. Ovide le présente ainsi dans les Métamorphoses :
« Avant la mer, la terre et le ciel qui couvre tout, la nature, dans l'univers entier, offraient un seul et même aspect ; on l'a appelé le chaos ; ce n'était qu'une masse informe et confuse, un bloc inerte, un entassement d'éléments mal unis etdiscordants. »

Nous vivons ce chaos, une immense confusion : des éléments qui semblaient ordonnés dans nos vies sont devenus discordants, inaccordables.

Comment vivre à 5 dans 30 M2 ou même dans 100 M2 sans pouvoir sortir ?
Comment ne pas être envahi par les angoisses ?
Comment renoncer à la consommation ?
Comment ne pas céder aux tendances addictives qui nous rendraient apathiques ?
Comment ne pas manger sans cesse pour combler nos angoisses ?
Comment s'entendre jour et nuit avec ceux que nous aimons ou n'aimons plus mais avec lesquels nous partageons notre petit espace ?
Comment vivre seul 1 mois et peut-être 2 et peut-être plus ? Totalement seul ?
Comment quitter Netflix ?

Comment comment comment … ?

Nous avons perdu nos repères. Comme si nous avions été broyés et tordus dans une lessiveuse. Il est facile de prôner un certain optimisme et bien plus difficile de le vivre. Pourtant, ne pas se décourager et ne pas paniquer vont devenir nos deux objectifs essentiels. Mais enfin, si le monde est né du chaos, si c'est notre origine, alors, nous pouvons bien y retourner parfois, sans y sombrer. Nous allons réussir chacun à réorganiser deux ou trois petites choses et cela fera une construction presque solide.

Ne soyons pas trop ambitieux, allons-y doucement. Étape par étape. Mais allez-y, allons-y ensemble. Car tous, en ce moment confrontés aux mêmes angoisses et aux mêmes questions, tous nous cherchons à survivre ET à vivre. C'est bien plus difficile pour ceux qui sont nombreux dans de petits espaces, bien plus difficile pour ceux qui sont très seuls.. Mais tous, nous vivons un temps de confrontation à la maladie et à la mort, deux angoisses que nous avions voulu bannir de nos vies à grands coups d'anxiolytiques et d'agitations diverses.Ovide avait raison, nous ne pouvons pas vivre dans une masse informe. Alors cherchons comment l'organiser. De la glaise, façonnons chacun, à notre petite façon une sculpture. Chacun comme il peut, avec ses peurs et ses angoisses. Ni superman ni anéanti.

Partageons nos expériences, pour sortir grandis et enrichis de cette épreuve collective et individuelle. En ces temps de confinements, la stabilité et la solidité

de la vie intérieure vont être décisives et pour nous, occidentaux habitués à vivre essentiellement dans un monde extraverti et matériel c'est un véritable challenge.

Nous vivons là un temps de grande ré-organisation et ré-adaptation. Prenons ce temps.

Voici quelques pistes, destinées, non pas à vous donner des conseils d'occupation, ni lecture, ni musique à écouter, ni méditation obligatoire, mais quelques pistes de résistances pour sortir de cette période de confinement avec le moins de dégâts possibles.

Comment gérer le confinement ? en vidéo

Coronavirus : mesures du confinement Cette vidéo, permet une simulation sur R qui permet d'évaluer l'effet des mesures de confinement sur la propagation du coronavirus. Cette simulation n'est pas parfaite mais est très illustrative et parlante.

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7:18 Coronavirus : mesures du confinement

Organiser le chaos : résister aux angoisses.

Nous sommes tous angoissés. Nous avons peur. Adultes, enfants, personnes âgées, comment serait-il possible de ne pas l'être ? (et ce serait bien étrange de ne pas éprouver d'angoisses dans cette crise, alors que la maladie et la mort, que nous espérions vaincre et sortir de nos vies sont venues roder de très près, nous rappelant notre modeste condition d'êtres humains et nos limites.

Notre monde, que nous pensions assuré, est devenu menaçant et le moindre pas dehors ressemble à une expédition dans la jungle.

Nous voilà plongés dans une situation inédite, dont nous n'avons aucun souvenir car personne ne nous en a transmis l'expérience. N'ayant aucun point d'appui stable, notre seule solution sera d'en inventer au fur et à mesure de la traversée et c'est cela qui nous rendra vivant.

Nous allons marcher sans nous tenir la main, mais en liens profonds. Chacun, pas à pas, sans trop nous poser de questions, tentant de nous fabriquer repères et boussoles pour traverser ce chaos.

Idées simples pour ne pas aggraver les angoisses.

• Accepter l'angoisse, chercher un équilibre délicat pour en parler sans en parler sans cesse et sans projeter ses angoisses sur les autres qui n'en ont pas besoin, mais en parler quand même.

Si ce n'est pas possible d'en parler à ses proches, si eux-mêmes sont trop angoissés ou réticents aux échanges, alors un ordinateur, un téléphone deviendront des interlocuteurs pour enregistrer ou écrire. Une belle plume et un vieux cahier sont d'excellents secours aussi. Pour que les angoisses ne s'accumulent pas, elles doivent se décharger et pouvoir s'expulser au fur et àmesure. Les mots sont la voie royale pour cela, sinon la colère ou la dépression priment.

• Afficher les chiffres d'espoir sur son réfrigérateur juste à cote de la photo réjouie de ceux que vous aimez. Les chiffres d'espoir aujourd'hui ?

98 % des gens contaminés guérissent, 80 % ne présentent aucun symptôme, des médicaments sont en cours d'expérimentation et vont bientôt aboutir… Et l'an prochain, nous aurons un vaccin. En chine, l'épidémie baisse de jour en jour.

• Éteindre la télévision et la radio et se créer des plages musicales ou de silences, plusieurs fois par jour pour ne pas se noyer dans le bain des angoisses collectives et des mots qui tournent en boucle. Les arrêter parfois, souvent, le plus souvent possible. Ne serait-ce que 5 mn.

• Ne pas essayer de rester fort et solide dans cet immense chaos. Personne n'est plus fort que la maladie. Ce n'est pas un rapport de force. Ne tentez pas de vous mesurer à un virus invisible.

Aux angoisses de santé s'ajoutent pour beaucoup des angoisses financières qui renforcent l'épreuve et les conditions matérielles creusent considérablement les écarts. Certains se sentent encore en vacances quand d'autres sont confinés dans 20 M2. Mais tous sont touchés et dans la durée, tous seront touchés, d'une façon ou d'une autre. Nous sommes dans le même bateau disent les italiens. Des mesures financières d'ampleur sont mises en place et il faudra tout reconstruire ensuite. Non pas reprendre où l'on s'est arrêté, cela n'aurait aucun sens.

Mais tenter de réinventer quelque chose. Nous sortirons différents de cette expérience et j'espère profondément que nous ne reprendrons pas cette course folle à la croissance et au non-sens. Nous sortirons plus solidaires, plus unis, plus forts. Tenir jour après jour, Imaginer l'avenir, mais ne pas l'anticiper dans le prisme de nos angoisses du moment… Tout est incertain, l'avenir est inattendu… la preuve, ce que nous vivons aujourd'hui et que personne n'avait prévu.

Chaque geste, chaque attention d'aujourd'hui consolident les chances de sortir plus forts de cette crise, chaque geste et chaque attention ouvrent l'espace d'un changement post-crise.

Ce chaos va s'arrêter, il y aura une issue. Dans les ténèbres d'un tunnel, la lumière ne surgit que peu de temps avant la sortie et tant qu'on tâtonne dans le noir, on avance pas à pas et on apprend la patience. Ce dont nous manquons tous. Nous qui étions si pressés il y a encore quelques jours seulement. Pressés ? Pressés d'arriver à ce point précis où chacun a dû s'arrêter. (Sauf quelques uns sur le pont qui nous soignent et nous, nourrissent). quel paradoxe !

La patience, nous la connaissons bien, nous qui sommes psychanalystes. Nous écoutons les infimes nuances dans les discours, les inflexions des processus, les voies détournées qui finissent par aboutir un jour après des années parfois de travail. Nous savons donc que la patience n'existe pas, que seule existe l'attention. L'attention aux plus petits détails. Voilà notre meilleure arme pour tenir dans ce chaos, nous allons avoir besoin de cette attention délicate à soi et aux autres. N'idéalisons pas. Cette attention, si nécessaire à la conscience est terriblement

difficile à trouver et à exercer dans le long terme. Alors, d'abord, il nous faut accepter nos limites, personne n'est un saint, nous allons tous successivement déprimer, nous énerver, pleurer, rire amicalement, rire nerveusement, hurler parfois. Accepter cela, savoir éventuellement s'en excuser quand ce sera nécessaire sera déjà un grand pas; Accepter les limites de ceux qui nous entourent sera encore plus difficile, mais tout aussi nécessaire.

Chacun vit les angoisses à sa façon, certains les expriment bruyamment quand d'autres se taisent et se replient. Certains s'énervent et d'autres se murent dans le silence, certains briquent la maison pour supprimer la plus infime trace du virus quand d'autres se vautrent dans le canapé en mangeant des chips. Certains sont encore dans le déni et d'autres dans l'hyper paranoïa.

Supporter les manières de « l'autre », du ou des autres occupants de nos lieux de vie commune sera encore plus difficile et parfois même horrible.
Sortir du chaos, de l'indifférencié, accepter la présence de l'autre et ses différences essentielles sera l'épreuve majeure pour beaucoup de nous. Se rappeler que ce compagnon cette compagne, cet ami exprime à sa façon les angoisses que nous traversons aussi est un premier pas.

Idées simples sur la gestion du temps.

En cette période troublée, nous avons tous été touchés par une sorte de tremblement de terre qui a fait valser chacune de nos cellules dans des sens
différents. Elles ont besoin de temps pour se réaligner. Accepter ce temps, accepter de vivre ces temps comme des respirations qui alternent des phases de désorganisation et de réorganisation. Nous passons par des phases profondes de désorganisation de tous nos repères. Les phases de désorganisation ne sont pas négatives, elles sont tout autant nécessaires à la construction que les phases de reconstruction. Essayons de ne pas en avoir peur. Vivons-les le mieux possible comme des phases nécessaires d'un changement tout aussi nécessaire.

• Pour ceux qui ne travaillent plus, il faudrait compter les jours, car on perd vite le sens du temps. Cocher un calendrier, et comme les enfants à l'école écrire la date jour après jour sur un cahier d'écolier. (La date figure sur les téléphones, mais écrire permet de s'en souvenir mieux.)
• Pour ceux qui n'ont plus de contraintes, il faudrait garder le rythme jour/nuit et le rythme des repas. Ne pas perdre pieds, ne pas se désaccorder du temps.
• Pour tous, il faudrait continuer d'organiser le temps dans la journée, heure du lever, petit déjeuner, travail ou distraction, repos, déjeuner, sieste, travail ou distractions, gouter etc..

Poser un cadre, se poser un cadre est essentiel. Ce sera plus facile pour les familles que pour les célibataires isolés. Mais c'est essentiel pour tous. Poser un cadre et le respecter autant que faire se peut. Sans tomber dans la rigidité, mais avec constance et en ré-équilibrant sans cesse les déséquilibres et les excès.

Plus l'espace est petit et plus nombreux on s'y confine, plus le fait de poser un cadre est primordial pour ne pas tout négocier sans cesse. Décider que le déjeuner a lieu entre 12h30 et 13h30 ou même entre 12h45 et 13h permet d'éviter des discussions permanentes pour savoir qui a faim ou pas… Un cadre évite de discuter et de négocier tous les jours et chaque source de conflit qui peut être évitée doit l'être.

Un bon cadre rassure.
Selon l'âge de chacun il peut et même doit être en tout ou en partie discuté collectivement dès que c'est possible. Créer une sorte de conseil de famille, avec voix prépondérantes aux adultes. Le fait de discuter le cadre et les contraintes en commun constitue une sorte de contrat qui engage tous les membres de la petite société qui se crée là, sous nos yeux et doit trouver ses règles démocratiques. Poser cette loi contractuelle évite les sentiments d'injustices délétères et les tensions inutiles. Il y en aura suffisamment comme cela.

Tout peut se discuter et faire l'objet de ce « contrat social » : les horaires, les plages pour chacun, les tâches ménagères, l'occupation de la salle de bains, des toilettes, etc… ce ne sont plus des détails, ces questions deviennent essentielles.

Ceux qui sont confinés seuls ont besoin, eux aussi d'un cadre pour ne pas se perdre. Oui, cela semble idiot, mais ce confinement durera peut-être longtemps…

On ne connait pas la durée du Marathon auquel on participe. Il faudra tenir la distance et ne pas se perdre.

Alors, à côté des photos de ceux que l'on aime, sur le réfrigérateur, il n'est pas ridicule de noter le cadre que l'on se propose de respecter. 9h : un peu de gym, 10h un bon thé, 11h un cours d'espagnol, 11h30 réseaux sociaux et appels aux amis, 14h temps de lecture etc… ça semble idiot, mais ce sont des repères qui nous indiqueront les écarts inévitables, mais qu'il ne faudra pas trop laisser dériver.

Idées partager l’espace.

• Pour ceux qui sont seuls dans de grandes maisons, le risque est grand de se sentir perdu et trop isolé. Il pourrait être nécessaire de restreindre l'espace.

Bizarrement se confiner soi-même, choisir son espace, se créer un cocon, ne pas se perdre comme un cosmonaute dans l'infini intergalaxique pourrait être rassurant. Organiser aussi des espaces par occupation : dormir, manger, faire de la gym, lire etc… Etre attentif à comment on vit et chercher ce qui rendra le confinement supportable.

• Pour ceux qui sont seuls dans un petit espace, il faut veiller à sortir tant que c'est

possible. Élargir cet espace qui pourrait devenir une prison.

Pour ceux, coincés a 5 dans 30 m2 et même parfois moins… le chaos peut vite virer en enfer. Comment faire ? Là encore mettre un cadre. Repartir des temps collectifs et des temps individuels. Même si c'est tout petit, s'isoler un petit moment et demander aux autres de respecter ce moment si court soit-il, est absolument nécessaire. Chacun a droit à son moment d'intimité et de solitude.

L'humain ne peut pas vivre seul, l'humain moderne ne peut pas non plus vivre uniquement en terrain collectif. Chacun s'est habitué à l'individualisation de son temps et de son espace. Le confinement est une véritable épreuve. Si vraiment l'espace est trop petit, un casque sur les oreilles, se tourner le dos, sortir marcher ou courir pour se défouler car il faut bien que le corps exulte. Préserver un espace à soi, si petit soit-il devient pour beaucoup notre bien le plus précieux.

• Autant que possible il faut essayer de parler au téléphone sans être toujours entendu. Demander à l'autre de faire son jogging ou sa promenade à l'heure d'un appel téléphonique, pour pouvoir exprimer les difficultés et pouvoir se plaindre par exemple. Il ne faut pas hésiter à demander, voire à imposer un temps minimum de solitude pour chacun. La vie intérieure en a tant besoin.

Idées pour prendre soin de son corps.

Ce n'est pas parce que nous sommes confinés que le corps se tait. Il a peur et a d'autant plus besoin de se défouler. SI vous avez des enfants (et nous sommes tous encore des enfants), il est essentiel de ne pas rester apathique. Ne pas s'affaler dans un canapé devant la télé toute la journée. Le corps déteste cela. Même si il est tentant de se mettre en veille toute la journée en attendant la fin du marathon.

Sortir de l'apathie, donner une chance à la vie de continuer d'irriguer le corps.

Difficile ? Extrêmement difficile. Car on a envie de fuir cette réalité qui ne nous plait du tout. Enfin tranquille, abruti par les images en boucle ou les jeux vidéo… La tentation est forte. L'envie de se distraire en boucle ou au contraire de se noyer dans des angoisses de plus en plus éprouvantes, comme un appétit qui d'un coup nous dépasse.

Alors, de la gym si c'est possible seul ou pourquoi pas tous ensemble ? Petits et grands réunis ? Pourquoi pas des challenges ? Des compétitions, des envies de performances… Que chacun apporte son expérience, les enfants font de la gym à l'école même les petits, ils peuvent montrer aux grands des mouvements, on peut bricoler une corde à sauter (les voisins comprendront si on respecte des horaires convenus) etc. Et si la gym n'est pas possible, un peu de marche à pieds, de yoga, de tai chi etc… Tous les tutos sont disponibles sur internet. Il suffit de chercher.

La méditation est une magnifique pratique, mais bouger est indispensable pour sentir son corps vivant.

Et si vraiment aucune activité sportive n'est possible, alors le ménage nous appelle. Parce qu'il permet de bouger et donne l'impression de gagner une bataille personnelle contre ce virus. Et nous en avons tous besoin. A chacun de gagner sa bataille et là aussi tous, quel que soit leur âge peuvent briquer la maison… Une jolie activité commune.

Les activités manuelles quelles qu'elles soient font du bien au corps et donc à

L'âme ou à l'esprit qui l'habite et qui est bien malmenée en ce moment. Elle qui se nourrit d'amour, de calme, d'espace, de confiance et d'espoir. Bien malmenée , agressée par ces autres qui deviennent, qu'on le veuille ou non, des ennemis potentiels puisque chacun peut contaminer l'autre. Dans ce moment où la bataille concrète gagne, gardons une attention toute particulière à l'âme. Celle des enfants qui doit continuer à s'exprimer, à rire, à penser et à jouer. Celle des adultes aussi qui a tant besoin d'espoir, d'envie et d'imprévu.

Alors il nous faut jouer, pour rien, pour sentir les liens et c'est le rôle des multiples blagues qui circulent sur internet. Jouer en famille et si l'on est seul s'inviter des jeux pour soi, trouver des partenaires.

Jouer ensemble et avec d'autres grâce aux réseaux sociaux, au téléphone etc.

Prendre le temps de jouer, ce temps que nous n''avions plus et dont l'étendue maintenant nous angoisse… Se lier d'amitié avec ce temps enfin long… et qui risque de se révéler très long. Jouer pour organiser le chaos. Jouer pour que le corps et l'esprit respirent.

Idées pour gérer les liens.

• Une immense solidarité se met en place, qui, aide sa famille, qui, son voisin de palier, les réconciliations pleuvent, les tons s'adoucissent. On peut s'engueuler tant qu'on peut se voir, mais si on ne voit plus il n'en est pas question. Des vieux amis se rappellent et on prend enfin le temps de se parler, parfois pour ne rien se dire, juste pour être ensemble. Un peu. Des grands-mère s'organisent pour lire une histoire par jour au téléphone à leur petit fils un peu loin, des apéros Facebook, des diners entre potes via Skype, des cours particuliers d'anglais, de maths etc. Et tout cela selon les ressources des gens, parfois gratuitement, car, nous sommes tous dans le même bateau et ce n'est peut-être pas le Titanic. De nouvelles solidarités émergent. Mais ne soyons pas angéliques, de nouveaux égoïsmes s'affirment et la violence n'est pas loin. Presque palpable. Il nous faudra inventer nos moyens de ne pas céder à la peur et de résister aux pressions violentes qu'elles viennent de l'extérieur (la personne que nous croisons ou avec laquelle nous vivons est potentiellement porteuse du virus, mais elle n'est pas un ennemi) ou intérieure (la peur pour soi et ceux qu'on aime, on le sait se transforme vite en agressivité négative).

Mais, au delà de ces risques, pour la première fois depuis longtemps, chacun a conscience de pouvoir agir pour le collectif. Responsable de son comportement. Ce confinement à un sens essentiellement collectif. Chaque comportement individuel a une répercussion sur le monde et sur les plus fragiles d'entre nous. Il faudra s'en souvenir dans les moments de confinement les plus difficiles. Trouver ses ressources profondes pour aider ce collectif qui en a tant besoin.

• Si tous ceux qui le souhaitent osent appeler une vieille tante ou un ami perdu, osent proposer une recette de cuisine à un membre de leur famille, osent aider un ami qui ne connaît rien à la technique à ajouter un réseau social sur son téléphone, osent penser aux gens fragiles qu'il peut côtoyer et donner un peu de temps pour eux… Alors, ce moment douloureux deviendra un socle pour une évolution ultérieure. Chaque petit geste compte. Nous l'avions peut-être oublié.

Idées pour réaliser des projets.

Non seulement nous sommes confinés, mais nous ne savons rien de l'avenir. Aucune prévisibilité. Il faut pourtant continuer à faire des projets. A court terme et dès que l'on aura un peu atterri et que l'on se sera reposé de ces émotions intenses, des projets à long terme. Nettoyer le grenier, ranger les placards, apprendre une langue étrangère, s'améliorer en cuisine… écrire, jouer de la musique, découvrir le jazz, lire les romans et les essais que l'on entasse depuis des mois, se former à de nouvelles compétences, etc.

Un projet, une ambition, une curiosité. Rester curieux c'est rester vivant. Il y aura un après, le monde ne va pas s'écrouler. Il nous faudra être en forme pour reconstruire autrement, pour que la solidarité joue. C'est la tâche de chacun, sortir de l'épreuve avec le moins de dégâts possible et le plus d'enthousiasme. Le virus ne va pas tous nous tuer physiquement, il faut tout faire pour éviter qu'il tue notre vitalité. Ça va être long et ce sera difficile. Acceptons les hauts et les bas, cherchons des points d'attache et d'accroche. N'attendons pas passivement. Un marathon ne se gagne pas sans quelques initiatives.

Veillons à préserver un espace d'initiatives à chacun.

Idées pour organiser des rituels

Depuis des années des sociologues et des pays alertent sur la disparition des rituels.

Pourquoi est-ce grave ? Parce que les rituels créent des liens symboliques absolument nécessaires au développement de la vie intérieure.

Même si cela nous semble ridicule, chacun, seul ou en groupe, peut prendre le temps de se recréer ses propres rituels. De curieuses communautés se sont mises en place pour ce confinement, très révélatrices de notre modernité : des familles sont dispersées ou réunies par petits bouts, des colocations curieuses émergent entre amies, entre amis d'amis. Bizarrement, par peur de la contamination, les gens âgés sont plutôt délaissés, mais d'autres types de solidarités se mettent en place.

Imaginons des rituels, inventons-en, comme ceux qui se sont déjà mis en place : que ce soit des appels tous les jours à la même heure, des applaudissements pour les soignants tous les soirs à 20h à la fenêtre… spontanément chacun en met en place. Chacun en sent le besoin. Osez en créer autour de vous, ils tiennent le temps, ils soutiennent la psyché.

Si ce terme n'était pas si décrié et marqué aujourd'hui, j'oserai dire qu'il nous faudrait ré-inventer la prière. Une prière laïque pour partager ensemble nos peurs et nos angoisses, pour ouvrir la dimension intérieure, celle que nous avons si peu exploré ces derniers temps et qui sera notre meilleure soutien. Chanter ensemble est une forme de prière, se réunir chaque jour pour se parler de ses angoisses est

une forme de prière, réfléchir ensemble à l'après confinement est une forme de prière…
Une prière laïque qui nous relie à un mystère en soi et hors de soi. Et si on profitait de ce temps de confinement obligé pour chercher dedans soi ce que nous cherchions dehors ?

Comment gérer le confinement ?