Constipation occasionnelle et laxatifs : définition

Définition

La constipation est un trouble du transit intestinal qui se caractérise par une difficulté à évacuer les matièresfécales. Elle se définit par "une diminution de la fréquence des selles au-dessous de 3 par semaine" et/ou une sensation d'évacuation difficile. Mais la durée du transit intestinal, et donc la fréquence des selles, varient largement d'un individu à un autre. En effet, les selles qui restent trop longtemps dans le côlon finissent par se déshydrater. Elles peuvent devenir plus petites, rendant leur exonérationplus difficile (le côlon ne parvient pas à les faire progresser vers le rectum etl eur évacuation est plus difficile).

Epidémiologie

Environ 16 millions de Français sont concernés par la constipation occasionnelle. Cela représente près d'un adulte sur trois, au premier rang desquels les femmes, qui sont deux à trois fois plus touchées que les hommes, en particulier dans la tranche d'âge 45-49 ans. En effet, des études ont montré que le transit intestinal tend, par nature, à être plus lent chez les femmes que chez les hommes, celles-ci ayant deux fois plus tendance à consulter pour ces troubles.

Signes

La constipation occasionnelle est le trouble gastro-intestinal le plus commun chez l'adulte. Inconfort digestif, ventre gonflé, crampes ou ballonnements, difficulté pour aller à la selle, douleurs au niveau du ventre, selles dures peu abondantes difficiles à évacuer, impression de vidange incomplète après être passé aux toilettes, tous ces symptômes sont la manifestation d'une constipation qu'il faut soigner dès l'apparition des premiers signes.

Causes

Les causes principales de la constipation occasionnelle sont :

- l'hygiène de vie : alimentation (manque de fibres), manque d'hydratation…

- l'hérédité,

- l'anxiété, le stress,

- une activité physique insuffisante,

- des causes purement féminines (cycle féminin, grossesse, ménopause),

- un changement dans la routine quotidienne (décalage horaire, départ en vacances, déplacement professionnel, vie en collectivité),

- la prise de certains médicaments.

Constipation et grossesse

Les perturbations hormonales physiologiques que traversent les femmes au cours de leur grossesse et après leur accouchement, peuvent avoir des conséquences sur le transit. Il est possible que les récepteurs hormonaux se trouvant au niveau de l'intestin influent sur la motricité colique et provoquent le ralentissement du fluide colique. La compression du bébé sur l'intestin pourrait aussi jouer un rôle.

La dyschésie doit être prise en charge rapidement, afin d'éviter certaines complications. En effet, 15% des femmes souffrent de fissures anales et 20% de thromboses hémorroïdaires durant la période de post-partum.

Laxatifs

Les laxatifs sont souvent méconnus du grand public. Dans l'esprit de la plupart des gens, ils sont synonymes de traitements dont les effets peuvent être incommodants. Pourtant, il existe cinq classes de laxatifsdont les modes et délais d'action sont variables et qui agissent de manière plus ou moins douce sur le transit. Certains contiennent des électrolytes qui permettent de compenser une éventuelle perte en minéraux.

Laxatifs osmotiques

- Mode d'action : appel d'eau dans l'intestin, modification de la consistance des selles, efforts de poussée limités, augmentation de la fréquence des selles.

- Délai d'action : 1 à 2 jours

- Principaux effets secondaires : ballonnements et douleurs abdominales en début de traitement, effets beaucoup moins fréquents avec les laxatifs osmotiques hydratants.

- A noter : recommandés en 1^èreintention pour leur efficacité selon la SNFGE (Société savante des maladies de l'appareil digestif) ; tenir compte de la présence de sodium et de glucose pour certaines spécialités.Les laxatifs osmotiques hydratants sont des traitements adapté à la femme enceinte et durant l'allaitement.

Laxatifs de lest

- Mode d'action : à avaler avec une grande quantité d'eau, formation d'un gel au contact de l'eau dans l'intestin, augmentation du volume et de la consistance des selles.

- Délai d'action : 1 à 3 jours, efficacité maximale après plusieurs jours de traitement.

- Principaux effets secondaires : gaz et ballonnements.

- A noter : tenir compte de la présence de sucre pour un patient diabétique, recommandés en 1^èreintention selon la SNFGE.

Laxatifs lubrifiants

- Mode d'action : lubrification et ramollissement des selles.

- Délai d'action : 6 heures à 3 jours.

- Principaux effets secondaires : suintements et irritations au niveau de l'anus.

- A noter : à éviter chez les patients qui doivent rester allongés (risque de reflux dans les poumons), un usage prolongé pourrait réduire l'absorption de certaines vitamines (A, D, E, K), recommandés en 2^ème intention selon la SFNGE.

Laxatifs stimulants

- Mode d'action : augmentation de la sécrétion intestinale d'eau ou d'électrolytes, stimulation de la contraction de la paroi intestinale.

- Délai d'action : à partir de 6 heures.

- Principaux effets secondaires : diarrhées, douleurs abdominales, fatigue, réactions allergiques.

- A noter : à réserver à des situations occasionnelles, rebelles aux autres traitements, sur de très courtes durées et sous surveillance médicale, risque d'irritation de la muqueuse colique, d'hypokaliémie et d'accoutumance (maladie des laxatifs), interactions possibles avec de nombreux médicaments.

Laxatifs par voie rectale

- Modes d'action : osmotique, stimulant ou par dégagement gazeux, déclenchement du réflexe de défécation, insertion par voie locale.

- Délai d'action : 2 à 60 minutes.

- Principaux effets secondaires : irritation au niveau de l'anus, douleurs rectales.

- A noter :particulièrement utile en cas de trouble de l'évacuation (dyschésie).

Maladie des laxatifs

La prise régulière de certains laxatifs peut entraîner une accoutumance, voire une dépendance : c'est ce que l'on appelle « la maladie des laxatifs ». Les laxatifs d'action rapide, risquent en effet de rendre le côlon atonique : l'efficacité des laxatifs diminue, le malade augmente les doses et, par conséquent, le risque d'effets secondaires. La « maladie des laxatifs » touche principalement les femmes.

Prise en charge tardive

A court terme, une prise en charge tardive peut causer des douleurs abdominales parfois intenses, des ballonnements et un inconfort majeur. Des études ont montré un véritable retentissement sur la qualité de vie des personnes souffrantes, parfois au même niveau que pour les maladies graves (cancer, insuffisance rénale, etc.). Dans certains cas, un traitement tardif peut conduire à des fissures anales, des crises hémorroïdaires (thrombose et saignements hémorroïdaires), la douleur pouvant s'étendre sur quelques jours à plusieurs semaines. Chez certains patients les hémorroïdes peuvent sortir en dehors du canal anal (prolapsus) et nécessiter des traitements instrumentaux et/ou chirurgicaux. Au long cours, une constipation occasionnelle répétée peut être la cause d'une incontinence anale (5% d'incontinence dans la population générale et jusqu'à 30% chez les sujets âgés).

Mesures hygiéno-diététiques

Se présenter aux toilettes dès que l'on en ressent le besoin, éviter de remettre à plus tard. Respecter le reflexe physiologique de la défécation survenant en générale à une heure fixe (souvent le matin après le petit déjeuner et/ou le soir) sans trop faire d'effort pour « pousser » et sans rester plus que quelques minutes.
La mesure hygiéno-diététique la plus efficace consiste à augmenter son apport en fibres alimentaires. Les fruits et légumes sont à privilégier. Parmi eux les fruits et légumes secs sont les plus riches en fibres (3 à 5 grammes de fibres/100g avec les fruits et légumes verts et 12 à 25 g pour les fruits et légumes secs).
Boire suffisamment et régulièrement au cours de la journée (au moins 1,5 litre/ jour) : consommer eau, jus de fruits et soupes à volonté.

Ne pas oublier l'exercice physique comme la marche ou la gymnastique, excellents moyens de lutter contre la constipation.